A quelques jours de la 6e édition du Salon des Services à la Personne[1], nous avons demandé à deux réseaux, l’un jeune, l’autre ancien (O2), de nous donner leur vision du secteur des services à la personne.
Echange avec Stéphane Boyer, qui s’est associé avec Jean-Philippe Grenouillet pour créer Viva Services en 2006. Ce réseau compte aujourd’hui 8 franchises et 2 succursales.
Quelles sont les perspectives du marché des services à la personne dans les 3 prochaines années ?
Dans le secteur des services à la personne, nous avons aujourd’hui une visibilité limitée concernant le cadre fiscal et social : évolution du taux de TVA, disparition du forfait au réel pour le mandataire… Or, il existe notamment une forte corrélation entre le maintien du cadre fiscal et social pour le particulier et l’évolution du marché.
A titre d’exemple, si l’avantage fiscal de 50% était brutalement supprimé, il y aura un risque de retour au travail non déclaré, car les besoins seront dans tous les cas satisfaits. Il faut laisser aux entreprises du secteur une chance de crédibiliser leur action, notamment en termes de qualité de services, auprès du grand public.
Il serait donc préférable, avec les pouvoirs publics, de s’accorder sur un plan et une stratégie pour les dix prochaines années. Par exemple, en soumettant le maintien du cadre fiscal et social à certaines conditions, comme la rationalisation du contrat de travail ou l’obligation de consacrer réellement une part définie de la masse salariale à la formation, ou encore une certification de services pour les structures du secteur. Cette incertitude, qui concerne pourtant un enjeu de société national, en particulier pour la dépendance et le maintien à domicile des personnes âgées, affecte la décision de candidats entrepreneurs pour se lancer en franchise.
Quels sont, pour un candidat entrepreneur, les avantages spécifiques au secteur des services à la personne à se lancer en franchise plutôt qu'en isolé ?
Dans notre activité réglementée, tout professionnel doit, pour exercer son activité, effectuer une demande d’agrément, qui reposait essentiellement sur des éléments déclaratifs il y a encore quelques années. Désormais, le dossier de demande d’agrément fait l’objet d’une véritable instruction, et le porteur de projet doit apporter la preuve de ce que l’on va mettre en œuvre : procédures pour le recrutement la formation du personnel et l’encadrement du personnel, accessibilité du local…
Grâce à son expérience, le franchiseur aide le franchisé à constituer ces pièces justificatives en fournissant un document complet répondant à chaque point du cahier des charges, et qu’il ne reste plus qu’à personnaliser. Pour réaliser cette opération, le gain de temps pour le franchisé considérable.
D’autre part, tout franchiseur se doit d’être précurseur dans les services à la personne. Notamment en ce qui concerne l’évolution de la réglementation. Viva Services est par exemple certifié par l’organisme, SGS qui délivre le label Qualicert, ce qui pourrait devenir à terme une obligation. Nous mettons le pied à l’étrier à des candidats entrepreneurs dans les meilleures conditions possibles. Dans un secteur en constante évolution, tout changement majeur non anticipé ou mal assimilé peut provoquer la fin de l’activité d’un professionnel indépendant.
En quoi le secteur des services à la personne est structuré et modernisé par la franchise, comme l'ont été d'autres secteurs d'activités auparavant (immobilier, coiffure, entretien automobile...) ?
Les réseaux de franchise ont contribué à la professionnalisation du secteur, grâce à la mutualisation des moyens. En concentrant le marché, ils proposent, aux pouvoirs publics, des interlocuteurs pertinents qui apportent une vision de leur métier soutenue et leur sens de l’action crédibilisé à une large échelle.
De plus, comme ils savent se projeter de manière constructive dans l’avenir, ils ne sont pas systématiquement dans la contestation et ne cherchent pas à préserver le soutien des pouvoirs publics sans contreparties.
Quels sont les prochains changements majeurs attendus dans le secteur des services à la personne ?
Une convention collective nationale dans les services à la personne, comme il en existait depuis longtemps pour les particuliers employeurs et les associations, sera prochainement mise en œuvre pour les entreprises du secteur. Auparavant, seul le droit du travail s’appliquait. Un accord a été trouvé avec la majorité des syndicats de la profession et des représentants patronaux, après plusieurs années de négociation. Il sera étendu à l’ensemble des acteurs de notre secteur et sera doute applicable en l’état mi-2013.
Cette convention collective nationale des entreprises de services à la personne va permettre une structuration générale du secteur. Par exemple, à travers la rationalisation de la gestion du temps de travail des salariés ou la mise en place d’avantages sociaux. Cette cohérence dans les ressources humaines limitera les dérives et fidélisera les salariés, en leur donnant un sentiment d’appartenance à un vrai secteur. Cela permettra de créer des métiers durables, qui ne seront plus des emplois « en attendant de faire autre chose ».
Propos recueillis par François Simoneschi
[1] 29 et 30 novembre, 1er décembre à Paris (Porte de Versailles)