L’association dans le cadre d’une création d’entreprise franchisée est toujours une alternative séduisante. Mais elle doit être constituée avec vigilance, et conformément aux principes de la franchise.
Partager une aventure entrepreneuriale avec un (ou plusieurs) tiers peut s’avérer une alternative nécessaire dans plusieurs cas. D’abord, lorsque l’associé apporte des fonds pour démarrer la société. Ensuite, quand il dispose de compétences complémentaires dans le cadre du fonctionnement de l’entreprise. Enfin, s’il amène un carnet d’adresses ou une crédibilité à travers son expérience professionnelle dans la nouvelle entreprise franchisée.
« Le projet d’entreprise permet de définir les forces et les faiblesses de l’individu. Il indiquera, par exemple, la nécessité de créer avec un bon commercial, si la vente est une déficience, et donc éventuellement de s’associer avec une telle personne plutôt que de l’embaucher », note Hubert Koch, fondateur-dirigeant de la société de conseils Suto.
Il ne faut pas s’associer pour des raisons peu légitimes comme la motivation affective ou la crainte de se lancer seul dans la création d’entreprise.
« Nous sommes très vigilant aux associations. Il faut une vraie synergie entre les partenaires, car dès le démarrage c’est physiquement éprouvant. Il ne faut pas que chacun d’entre eux ait tendance à laisser faire à l’autre ce qu’il ne veut pas faire », relève Cyrille Laborde, responsable du développement du réseau franchise Ucar.
Au-delà d’une confiance réciproque, les associés doivent rechercher une forme de complémentarité entre eux : métier (commercial, gestion, technicien…), caractérielle (extraverti/introverti), tâches dans l’entreprise (back office et management / prospection)…
« En associant des qualités complémentaires, par exemple, un financier avec un technicien-stratège, on limite les chances de commettre des erreurs graves. Il faut déterminer précisément dès le départ qui fait quoi dans l’entreprise, et surtout éviter une cogérance avec 50% des parts pour chacun des deux associés. Cela pose le risque de situation de blocage à court comme à long terme », soutient Lionel Boyaval, cofondateur de Doc’Biker.
Il est donc impératif de déterminer les apports des associés avant même de s’engager ensemble. Et de transcrire ces accords par écrit.
« Le schéma de départ du capital est fondamental, y compris dans le cadre d’un couple d’associés. Celui des deux qui est associé au risque, en étant majoritaire dans le capital, en ayant le contrôle d’un contrat de franchise intuitu personae et en étant gérant de l’affaire, doit absolument être investi dans le point de vente. C’est-à-dire recevoir et appliquer le savoir-faire du franchiseur mais aussi être intéressé financièrement à la réussite du système, conformément aux principes de la franchise. Il ne faut pas, par exemple, que Monsieur prenne le fonds de commerce pour Madame sans s’impliquer en première ligne », avertit François-Luc Simon, co-fondateur du cabinet d’avocats Simon Associés.
Dans l’entreprise, il faut énormément éprouver son futur associé avant de s’engager à partager quotidiennement huit à dix heures ensemble.
« L’association doit plutôt être utilisée pour financer la croissance d’une affaire en multi-sites ou pour fidéliser un salarié en lui accordant des parts dans le nouveau point de vente créé », ajoute Nathalie Dubiez, responsable de la stratégie de conquête sur le marché des Entreprises chez HSBC France.
François SIMONESCHI
Rédacteur en chef La Référence Franchise
Auteur du « Guide complet de la franchise 2012 » (éditions L’Express)
« Faire preuve de lucidité dans une relation où l’émotionnel ne doit pas dicter les prises de décisions »
« S’associer, c’est réaliser un bon contrat de mariage. Il ne faut pas sous-estimer les risques, ni prendre une séparation en cours de contrat comme une catastrophe lorsqu’une sortie a été initialement prévue.
Dans l’entrepreneuriat, on s’associe souvent avec quelqu’un qu’on connaît plutôt bien : ami, collègue, client, prestataire… Il faut donc faire preuve de lucidité dans une relation où l’émotionnel est présent mais ne doit pas dicter les prises de décisions. Dans l’effervescence d’une création d’entreprise, la complicité des origines ne doit pas aveugler les associés, car les chemins de vie changent, les accidents de parcours et les événements personnels heureux arrivent… Le contrat moral doit toujours être respecté dans l’exercice de l’activité, car l’on partage la même aventure.
Il faut toujours établir un pacte d’associés qui tienne la route, en se faisant conseiller par un expert-comptable ou un avocat… qui ont vu tellement de situations qu’ils sauront éclairer les protagonistes du contrat ! »