Dans toute prospection de réseaux correspondant à votre projet entrepreneurial, le danger reste de se focaliser sur la rentabilité de l’enseigne. En franchise, la dimension économique, toujours examinée dans un second temps, ne doit jamais l’emporter au détriment de l’amour du métier. Le candidat entrepreneur doit se poser des questions simples : Quel produit me représente ? Dans quelle activité je peux m’identifier et dont je serai fier de parler à mes proches ?
« L’activité choisie doit être certes en adéquation avec la sensibilité du candidat entrepreneur, mais aussi avec celle de sa famille ! Par exemple, dans un point de vente de livraisons de pizza, le franchisé est dans sa boutique de 19 à 23 heures. Si sa vie personnelle est centrée sur les soirées en famille, cela risque de détruire le ménage. De même, un magasin de fleurs sera forcément ouvert le samedi et le dimanche. A contrario, cela a longtemps été l’avantage de la restauration rapide, qui permettait de travailler seulement le midi et libérait les soirées et le week-end. L’évolution du marché conduit aujourd’hui à devoir davantage s’investir le soir », soulève Maître Olivier Deschamps, avocat, associé du cabinet D, M & D.
Tout travail n’est pas un concept global, mais une somme de tâches dont il faut connaître précisément la teneur et l’enchainement pour bien appréhender ce que sera la pratique du métier au quotidien.
« Il faut ainsi savoir ce que l’on aime faire, et surtout, pourquoi on aime le faire. Dans le cas contraire, le candidat entrepreneur pourrait faire des choix qui ne correspondraient pas à son projet. Par exemple, s’il a une passion pour la cuisine, c’est peut-être parce qu’il aime préparer avec cœur des petits plats pour ses proches et partager avec eux un moment de convivialité et de tranquillité en dégustant ses recettes. Or, la restauration nécessite généralement un rythme de travail soutenu, tant pour le service que pour la confection des mets. Et l’on peut aussi se retrouver à cuisiner dans un univers clos et sombre, sans contact direct avec les clients. On peut alors y perdre son goût de la gastronomie, sa passion. Le candidat entrepreneur pourrait avoir plutôt intérêt à monter une table d’hôte, plus conforme à ses attentes », explique Maud Simon, psychologue du travail et coach d’entrepreneurs
Passer plus de 3 heures par jour à effectuer des taches énergivores et affaiblissantes, c’est le signe que le concept convoité ne mobilise pas suffisamment vos talents naturels
« D’une manière générale, on sait que 20 à 25% des tâches d’une activité vont nous affaiblir, ne pas nous plaire… Mais si plus de 30% des tâches dans l’activité sont coûteuses pour nous, cela risque d’engendrer de la déception, puis de la démotivation… Le mieux est pouvoir tester en situation la future activité, interroger des gens en avance sur notre projet, et ne jamais rester dans le flou et le conceptuel d’un métier. Comme le proposent d’ailleurs les franchiseurs, notamment à travers des stages « découverte », de mise en situation aux différents postes d’un point de vente pour les futurs franchisés », reprend Maud Simon.
François SIMONESCHI
Rédacteur en chef La Référence Franchise
Auteur du « Guide complet de la franchise 2012 » (éditions L’Express)
« Il faut écarter les réseaux de franchise qui ne proposent pas de stage découverte de leur activité »
« Pour un candidat entrepreneur, l’un des critères de sélection d’une activité majeurs reste d’écarter toutes les activités dans lesquelles il ne s’épanouira pas. S’il s’ennuie au quotidien, la meilleure affaire du monde ne sera jamais la plus rentable car ses clients le sentiront rapidement et s’en détourneront.
De plus, un contrat de franchise, c’est très long… Au premier abord, on peut être séduit par les profits générés par le modèle économique, mais nombre d’arguments peuvent s’avérer prohibitifs : horaires de travail inadaptés à mon mode de vie, tâches ingrates ou exercice du métier peu gratifiant, gestion d’un personnel jeune, longs moments d’attente entre les clients… Attention à l’image idyllique que l’on se fait du commerçant !
Même si l’on ressent une forte affinité avec un produit, il faut absolument réaliser un stage « découverte » d’un à plusieurs jours, permettant au candidat entrepreneur de tester sa future activité à tous les postes d’un point de vente. C’est le seul moyen de faire la distinction entre un fantasme de collégien et la réalisation d’un rêve personnel. La franchise est la voie royale pour changer de vie, et pour changer de métier sans se tromper, il faut l’avoir découvert en pratique, vécu dans sa chair ! Il faut écarter les réseaux de franchise qui ne proposent pas de stage découverte de leur activité ! »